مدونة الميموني سيدي بيبي

Le transfuge de la mémoire ou quand le peuple se desintègre (auteur : Mimouni)

 Le transfuge de la mémoire ou quand le peuple se desintègre (auteur : Mimouni)


  Paysage aride,démesurément étendu,dépourvu de vie et de végétation a l'exception de statues
en groupe ou,isolées, vivantes,des squelettes mobiles en tous cas,errantes,regard abstrait,
vide, absent, le ventre excessivement gonflé, de très minces membres s'articulent sous une
peau sèche,écaillée,fissurée où; des mouches trouvent enfin un havre de paix sachant que
ce corps a perdu toute faculté et moyens de se défendre,pieds et corps nus,quelquefois un
lambeau couvre encore une partie des organes génitaux, le cou réduit aux dimensions des
vertèbres et surplombé de ce qui peut encore être une tête jadis pensante et bouillonnante
d'idées (terre,culture, enfants, famille
, vie chasse, instruction, pouvoir, argent, foyers,
honneur) quelquefois un , deux ou plusieurs anneaux , bracelets métalliques entourent le
cou, signe de beauté , richesse ou position sociale antécédentes,devenus obsolètes.Enfant
barbu mais restant à l'état de bébé, accroché a ce qui était un sein sur ce qui était un
corps de femme.Vieillard abandonné, implorant non pas la pitié,le secours du créateur, mais
la mort qui tarde a venir. Puis,tout a coup, des chiens, des chats, fortement engraissés joyeux,actifs, qui s'étirent,se dégourdissent les jambes et veillent sur des centaines,des
milliers de morceaux de corps humains, sans membres,sans peau,sans ventre.
....
Une musique de fond a base de cris de corbeaux et sifflement aigus de vipères et
une vue en grand angle sur le flanc d'une montagne,a perte de vue, des statues vivantes
squelettes humaines mobiles et inertes,toutes animées par un mouvement synchronisé,scrutent
l'horizon, le ciel, en même direction, depuis plusieurs jours a l'attente de quelque chose,et surtout,pas pour être photographiées comme cela, en animaux,a leur insu et données
en modèle ailleurs pour montrer combien ceux- là; ont réussi ou, ceux-ci ont échoué !.
L'heure tend attendue est enfin arrivée,au loin un point noir,grandissant sans cesse,les regards deviennent de plus en plus perçants, visibles sous le grand angle de la caméra,
Enfin,le bruit assourdissant et l'avion passe au ras des têtes et des dizaines de milliers
de pairs d'yeux la suivent, quelques sacs de blé et boites de lait sont alors éjectés ,qui
se déchirent et s'éparpillent au touché du sol, puis, ce fut la course de ceux qui le
peuvent,ceux qui n'ont pas besoin de ce grain, de cette poudre,forts donc,ils le deviendront
encore plus, rien pour le reste, même pas la délivrance, la mort indécente, le contraire
fait partie de l'impossible. Telle est l'image de l'Afrique a laquelle je me suis habitué lors de mes premiers séjours en France et ailleurs en Europe où; je me suis habitué à atterrir à chaque fois,en laissant derrière moi une campagne, un pays africain verdoyant et joyeux, un peuple tout a fait le
contraire de ce qu'on montre ici. En hâte,je cherche et trouve une carte du monde,je situe
la nation objet du reportage. Mon dieu, c’est encore notre Afrique.Tout a coup je me laisse
emporter et imagine ……………………… si mon père,mon grand père ou moi, pour une raison quelconque aura a subir une catastrophe pareille.... Des larmes très chaudes coulent sur mon visage de jeune adolescent .Je somnole, je suis emporté par le rêve,je suis moi aussi sur le flanc de
la colline, je scrute le ciel, le point noir tarde a apparaître,pas le courage et la force
de parler,mais mon système cerveau fonctionne a merveille, il est plus puissant, et plus
disponible, plus actif,il est au top niveau, plus rien ne l'effraie,sensationnel,je plains
le monde,le créateur de ce pays aux dizaines de millions de squelettes, en tapis partout
dans les champs arides, imaginant la couleur qu'avait l'eau, le goût qu'avait le miel, le
pain........................................
Je plains le destin,le soleil,l'humain..dieu, Pourquoi mon dieu, pourquoi mon père est à
l'origine de l'impardonnable erreur,celle qui a contribué a ma mise au monde, pourquoi?sans
raison apparente, sauf celle d'avoir beaucoup d'enfants, dieu dit-il ,les a créé, dieu dit-
il en prendra soins. Pauvre père , qui a fini certainement ces jours dans l'insouciance
totale de ses fils, filles, parents, humanité toute entière, maintenant, il gît, là; sous le
soleil accablant, scrutant le ciel, livré a lui-même, a eux - même... et l'indifférence
flagrante de la société. J'aurai voulu voir le jour et vivre dans un autre monde (celui
ou seule la force de la justice règne; au moins je serais en mesure de survivre, non
dans celui,où, la justice accable les êtres, mes semblables et épargne les autres.Des lois
faites par des individus pour asservir des individus, leur procurer aise, profits sur
profits, au détriment d'autres êtres, autres individus.
**************************
Mon père, mon bon père, quelle que soit ma souffrance ce jour,demain,le passé ou
le reste de ma vie, je te pardonne, moi qui suis incapable aujourd'hui de t'assister,
t'aider, ou t'épauler.Je suis dépourvu de moyens, le jour où j'en avais eu, je n'ai pas
hésité a tout mettre a ta disposition, Je te pardonne mon bon père de m'avoir mis au monde,
ce monde qui suce notre sang, ronge notre chair et nos os.... Je t'ai aimé mon père,je
t'aimerai toujours.

Ni éveillé,ni endormi,le silence qui m'entoure,le choc des images pour la première
fois scindant mon esprit, anesthésiant mes facultés psychiques, me font voyager parmi le
peuple de la colline , scrutant le ciel. Je me vois en père , mes enfants a la portée de
ma vue , dans l'immense parc de squelettes et je me plains.J'ai cessé de plaindre. Pourquoi mon dieu ! pourquoi j'ai fait l'immense crime en donnant naissance a mes enfants et en leur
inculquant la doctrine d'un autre monde. Je constate maintenant combien, ils souffriront,
certainement beaucoup plus que moi. Pourquoi une erreur pareille.
Le sang bouille dans....................... mes veines,le frémissement d'un froid glacial
inégalé parcourt mon corps de jour comme de , chaque fois où, l'idée que l'un de mes
enfants sera un jour maltraite ,ou ,tendra la main pour survivre, ou, sera contraint d'une
manière ou d'une autre a subir une injustice. Mon dieu,épargne moi de telles souffrances,ne
me garde pas jusqu'a ce jour. J'ai déjà trop vu et vécu.
J'ouvre les yeux,je sursaute, je me redéfini. Ce n'était pas moi, ce n'était pas mon pays,
c'était mon continent. L'impact était trop fort, trop rude.La journée a été trop longue,
le qualificatif faible et de portée réduite. La vie continue,l'après - midi la reprise des
cours. Drôle de coïncidence,contraste brutal, net et concret, face a face avec le tableau,
le professeur et l'alimentation équilibrée. Les vitamines, l'eau, l'énergie, les lipides, les glucides, les oligo-éléments,les minéraux,les graisses, les huiles ,le sel,les protéines, les calories, deux et demi-litres d'eau par jour sont nécessaire au corps qui dépense deux a cinq milles calories suivant
son activité, le calcium, le magnésium et le sodium....et le peuple de la colline inerte
scrutant le passage de l'avion parachutant des kilos de nourriture qui s'éparpillent avant
l'arrivée au sol, et les dizaines de caméras entourées par des centaines de journalistes
dépêchés par des milliers de médias venant de l'occident pour émerveiller leur citoyen par
la prise de photos inédites.Et puis,Plus rien tout le monde a rejoint les bâtisses étoilées
sauf le peuple bien sure. La marée humaine est omise jusqu'au prochain scoop.
C'est cela la mission du journaliste,celle du reporter, des religieux et médecins, le tout
sans frontières. Ceux qui ont été a l'origine de ce genre de catastrophes,se sont eux-mêmes
qui,maintenant,encore une fois se réjouiss………………On inocule a l'homme que son
pays est formé de deux ethnies dont la plus importante souffre d'obnubilation et ne peut
qu'être sacrifiée!.Le massacre commence alors en silence,on revient pour cueillir,caméra au
point le résultat du poison jadis injecté dans des corps purs.
Ce sera indigne d'exploiter la misère de nos frères et voisins pour une cause quelconque!
On reconnaîtra tout de même ici la pudeur de nos médias nationaux.Il faut être en occident
pour s'offrir ces genres de menus. Aujourd'hui en fin fond de notre campagne,en
plein milieu des haies de cactus ou palmiers et par l'intermédiaire de l'assiette magique
et des bouquets émanant du stratosphère,tout un choix nous est offert dont celui de voir
et assister en direct a des êtres ou des peuples agonisants. D'autres vous diront que
tout ce qui vient du ciel est béni, même par l'intermédiaire des paraboles! Adieu le cours, adieu les études,je m'investi dans le hard et le soft.J'aurai a faire a des machines. Je ne souffrirai plus autant.


0 Comments:

Enregistrer un commentaire